Un peu d’histoire

Premières évocations de la cerise

La notoriété du village d’Itxassou est très largement liée à la présence des cerisiers. L’origine de cette production est assez mystérieuse ; il semble que les cerises noires apparurent dans les bordures de sentiers dès le XIIème siècle. Le nom du Saint patron de la paroisse (Jondoni Murtuts en euskara, soit Saint Fructueux en français) témoigne de l’ancienneté de la culture dans la région.

 

Les premières mentions de cerisiers sur le territoire datent du 18ème siècle, comme en témoigne le texte suivant, transcription d’un fac-similé extrait des archives de la paroisse d’Itxassou de 1755, conservé aux Archives départementales des Pyrénées Atlantiques : (2éme alinéa)  » L’an mil sept cent cinquante-cinq et le sixième jour du mois de juin est morte d’une chute d’un cerisier et sans sacrement Marie St Jean… ».

A cette époque, les fruits étaient sans doute en partie destinés à l’autoconsommation, mais la proximité du bourg de Cambo-les-Bains autorise l’hypothèse d’une vente de proximité aux élites locales. Plusieurs auteurs du 19ème siècle évoquent la présence notable de cerisiers aux abords d’Itxassou.

De nombreux documents photographiques édités sous la forme carte postale des années 1900 jusqu’aux années 1970 témoignent de la présence continue de la cerise dans la culture locale. Parmi ces documents les plus caractéristiques sont ceux qui montrent les familles regroupées autour des « traîneaux » chargés de grands paniers remplis de cerises, descendus « à bras d’hommes » depuis les hauteurs pour être vendus à des grossistes de Bayonne, Dax, voire Bordeaux. Très longtemps, en effet, pour les petites exploitations fonctionnant en quasi autarcie, la vente des cerises a représenté un revenu essentiel.

Apogée de la production : XIXème siècle – 1960

A l’apogée de la production (du XIXème siècle jusqu’aux années 1960), les cerisiers étaient à la fois une image emblématique du village et de ses environs et une source de revenus importante pour l’économie locale.

 

Jusqu’aux années 60, pendant la période de production, d’importants marchés se tenaient dans plusieurs quartiers d’Itxassou et des communes avoisinantes. Les cerises y étaient descendues depuis les exploitations de montagne, puis acheminées vers Bayonne, la Côte Basque, voire plus loin : Dax, Pau, Bordeaux.

 

Le volume de production évoluait de 160 à 300 tonnes par an avant la Seconde guerre mondiale. Pour les petites exploitations du secteur, en situation de quasi-autarcie, la cerise constituait la rentrée d’argent principale, voire, la seule

1970 - 1993

Dans les années 70, les exploitations se sont modernisées et spécialisées dans la production de lait de brebis. Les modes de vie ont évolué, la main-d’œuvre familiale diminuant fortement. Les grands merisiers, qui exigent beaucoup de temps et de main d’œuvre au moment de la cueillette ont été délaissés et les paysages si caractéristiques tendent aujourd’hui à disparaître.

 

Dès 1982, le syndicat intercommunal Nive Nivelle se préoccupait de cette question et entamait un travail d’inventaire. Le nombre d’arbres encore présents sur la commune était estimé à 1 800, dont les 2/3 dans les exploitations de montagne, et 70% en variété Xapata. Dans les années 90, la production de cerises avait diminué pour atteindre environ 25 tonnes.

 

1994, création de l'association xapata

Dès lors, quelques « irréductibles », convaincus de l’intérêt pour le territoire de conserver cette production « atypique » créent en 1994 l’association Xapata pour sauvegarder ce qui peut encore l’être. La marque commerciale « cerise d’Itxassou / Itsasu » ainsi qu’un logo associé sont déposés auprès de l’INPI (Institut National de la Protection Industrielle) par la commune d’Itxassou, puis cédés à l’association. Seuls les producteurs qui produisent localement peuvent adhérer à l’association et utiliser l’étiquette identifiant la cerise d’Itxassou / Itsasu.

Le travail de greffage et de plantation initié à partir de 1994 par l’association a permis de ramener le nombre d’arbres dans la zone au-dessus de 5 000. Après des essais avec des variétés « du marché », comme les bigarreaux, le bilan a mis en évidence leur inadaptation au contexte local (mauvais développement des porte greffe, éclatement des fruits…).

L’association « Xapata » a donc fait le choix de conserver et d’améliorer les variétés locales, en particulier celles présentant une bonne typicité gustative. Les producteurs ont pour la plupart planté les arbres sous forme de vergers piétons pour faciliter la conduite et la récolte.